Au moment de m’expatrier de nouveau, le choix de l’Australie s’est fait grâce à la praticité et la rapidité d’obtention du visa. Ce n’est pas un tirage au sort comme le Canada par exemple, alors ça me semblait être à portée de main. Aussi, le fait de vivre ce grand voyage toute seule m’excitait !
Je me disais que partir à l’aventure seule, chercher un logement, une voiture était une bonne idée. À vrai dire, je ne me posais aucune question, j’étais un peu naïve et insouciante. Tous les retours que j’avais étaient unanimes : l’Australie, c’était génial ! Donc à aucun moment je ne me suis dit que ça pourrait ne pas marcher.
Mon premier HelpX m’a permis de faire 3 mois de ferme, et donc de renouveler mon visa. Il me semble qu’en 5 mois de présence sur le territoire, j’avais déjà fait mes 3 mois obligatoires. Donc je dirais que mes deux objectifs étaient de faire un road trip et un HelpX et si je trouvais du boulot dans ma branche tant mieux, sinon tant pis.
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Le premier défi que j’ai rencontré, c’est la grosse claque culturelle que je me suis prise. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de décalage dans la manière de penser des Australiens. Pour expliquer un peu la situation dans laquelle j’ai été : je suis arrivée dans la ferme dans laquelle j’allais travailler et je n’avais parlé qu’avec la femme du foyer. Quand j’ai rencontré le mari pour la première fois, il m’a demandé si c’était moi “l’étrangère” et j’ai répondu que oui je venais de Paris. Il a répondu “je suis mauvais en géographie” alors j’ai élargi à la France et il a redit qu’il n’était pas bon en géographie. Un peu surprise, j’ai dit que c’était en Europe et en fait, il ne savait simplement pas placer l’Europe sur une carte…
Il y a beaucoup de situations dans lesquelles je me suis retrouvée et qui m’ont surprise. Mes collègues m’ont demandé si chez moi aussi il y avait des kangourous. Ils pensaient que ces animaux existaient partout dans le monde.
En termes d’éloignement aussi, je mettais 3 heures pour aller faire des courses.
Plus les jours passaient, plus je me rendais compte qu’on était différents, ça fait partie des raisons pour lesquelles j’ai quitté ce second job aussi. Et puis, ils avaient fouillé sur Facebook et avaient trouvé un post que j’avais rédigé, sur mon ressenti auprès d’eux. Évidemment ce n’était pas très positif et ils m’ont virée, en disant que j’avais été irrespectueuse. J’avais dit qu’ils avaient fait preuve de sexisme, car lorsqu’ils avaient des invités par exemple, ils ne présentaient que les collègues hommes et moi je devais rapporter les bières.
Vers la fin de mon séjour chez eux, j’ai demandé s’ils avaient des recommandations touristiques à me faire dans la région. Leur réponse a été aussi lunaire que nos discussions : “tu vois la clôture ? On n’a jamais rien vu d’aussi beau que ce qui est à l’intérieur, dans toute l’Australie ». Évidemment, ils parlaient de leur propriété… C’était intéressant parce que je m’attendais pas à recevoir un choc culturel de la part des Australiens, à ce point, dans ce contexte.
Quand je leur disais que j’étais française, ils me souhaitaient la bienvenue, très chaleureusement. Ils étaient surpris que je sois dans leur pays, que je sois venue de si loin. Ce sont les seuls qui m’ont souhaité la bienvenue et de manière super sincère.
J’ai eu beaucoup de discussions avec certains aborigènes de mon expérience dans ma seconde famille en ferme et j’étais souvent très énervée, je ne comprenais pas pourquoi eux ne réagissaient pas outre-mesure. Ils n’ont aucune haine et ne disent rien de déplacé envers les Australiens. En revanche, ils me disaient souvent que moi j’avais de la haine dans mon cœur et que je devais m’apaiser ! Ils me disaient souvent “on souhaite juste garder nos terres maintenant qu’elles nous ont été rendues, et qu’elles ne soient pas plus endommagées qu’elles ne l’ont été, sans ajouter de construction dessus”. Cette sagesse m’a toujours impressionnée.
Les Australiens eux, me disaient toujours que les aborigènes pouvaient être violents et pas accueillants, alors que les aborigènes, dans mon expérience, n’ont jamais eu un mot plus haut que l’autre ni un discours de haine envers les autres.
Ils sont hyper pacifiques, c’était un peu le reflet du pays : pas de révolte violente malgré le génocide perpétré contre eux, ce n’est pas dans leur nature. Les jeunes générations sont peut-être plus tiraillées entre les deux cultures, c’est vrai que j’ai plus discuté avec des anciens.
Il nous a offert un t-shirt avec de jolis dessins dessus en nous disant qu’il n’en avait pas assez pour tout le monde mais qu’il tenait à nous l’offrir en guise de cadeau de bienvenue. On n’avait jamais vu ça. Il nous a dit qu’il était prof d’informatique et a ajouté “mais attention, ce n’est pas parce que je suis noir que je suis bête !” On lui a dit de ne pas se justifier, qu’en France on avait beaucoup de mixité et que c’était totalement ok d’avoir des familles issues du métissage et qu’on ne comprenait pas vraiment pourquoi il se justifiait. Mais il a continué à dire “don’t pay attention to my skin color”. Je ne sais pas s’il a trop compris, mais au sein de notre groupe on avait tous un parent qui n’a pas la même origine que l’autre et il avait l’air tellement surpris qu’on dirait qu’il ne nous a pas cru.
Il nous a dit qu’il parlait anglais et 3 autres langues aborigènes ! C’était intéressant, mais tellement triste.
Marina parle de sa rencontre avec Ritite sur son blog Belle est la route. Pour découvrir son récit, c’est ici.

En fait, tout le long du sentier, il y a plein de panneaux pour expliquer les croyances, l’Histoire, l’importance du lieu etc, et je me disais tout le temps que ça aurait dû être comme ça. Mais en fait en Australie, la place n’est pas laissée à cette culture tellement riche, ni à la langue, ni à l’art, ni à la musique. Ça m’a brisé le cœur de voir quels dégâts ont été faits à cette population et de payer un billet d’entrée pour visiter ce lieu alors qu’eux ne touchent rien de ce lieu sacré qui leur appartient. J’avais un peu l’impression d’avoir participé à cette appropriation de leurs terres, en me disant que finalement je n’avais rien à faire là, que je n’avais pas le droit d’être là. D’un autre côté, les rangers qui surveillent font partie des populations aborigènes, ils sont très accueillants et expliquent aussi très bien l’histoire lorsqu’on est sur place. Pour moi, il y a eu un avant et un après, en me disant que j’avais ressenti seulement un millième de ce que eux peuvent vivre.
Si c’était à refaire, je resterai sur la route pour regarder de loin. Sur place c’est génial, il y a de la musique, beaucoup d’informations, c’est très immersif, il y a une grande transmission du patrimoine. Dans leur sagesse incroyable, les aborigènes à qui je demandais s’ils étaient d’accord de ce partage m’ont répondu qu’ils étaient heureux que des étrangers viennent visiter leurs croyances et leurs terres. Ils sont fiers de leurs terres et de leur peuple.
Moi je ne pensais pas que je pourrais vivre ça par exemple. Quand j’ai discuté bien plus tard avec des gens en Australie, souvent ils avaient fait Sydney ou Melbourne, alors ce sont des villes avec beaucoup d’immigration donc les habitants sont moins rudes et plus nuancés. Ils sont aussi plus jeunes que les vieux du désert que j’ai rencontrés. J’ai vraiment eu à cœur de raconter mes expériences incroyables sur la culture aborigènes et les mauvaises auprès des Australiens. Je tenais à dire qu’il faut se forcer à provoquer ces rencontres et cette expérience.
J’ai senti que c’était vraiment tabou de demander aux Australiens ce qu’ils pensaient de l’histoire et des droits des aborigènes. Souvent ils disaient “je ne m’occupe pas de politique”. Par exemple, j’ai appris que les aborigènes mettaient parfois le feu à certaines zones boisées pour favoriser la repousse des arbres. Ça a donné lieu à une légende urbaine qui faisait dire aux Australiens que les aborigènes mettent le feu à des villages et des maisons. Enfin de gros amalgames quoi…
Petit bémol, j’ai parfois dû faire face à des insultes : « dégage sale backpacker, c’est pas ton pays ». Un mec m’a dit ça un jour, donc j’ai juste répondu “c’est pas le tiens non plus”.
Quand tu passes dans des petites villes du désert c’est assez particulier. Certains cherchent des pierres précieuses, ils vivent en autarcie. Entre Darwin et Alice Springs les populations sont super différentes les unes des autres ! J’ai trouvé ça intéressant d’adopter un mode de transport nomade, un peu comme les premiers peuples puisqu’eux aussi suivaient les saisons et les récoltes. Comme un pvtiste !
Par exemple, je me suis réveillée un matin, je suis allée nager et je me suis retrouvée avec des dauphins ! C’était fou. Quand j’ai vu les canyons, l’eau cristalline, je me suis demandé pourquoi personne n’en parlait jamais.
Les villes de l’Australie sont aussi superbes, mais beaucoup moins dépaysantes.
Ma sœur me disait souvent “je ne sais pas comment tu fais pour tout gérer toute seule” et c’est vrai que j’ai réalisé que c’est assez particulier d’être seule au milieu du désert même si je ne l’ai pas mal vécu du tout. Bosser en ferme, faire de l’épandage, trier du blé, conduire un tracteur je ne pensais pas le faire un jour !
Bien évidemment aussi, le respect infini de la terre, la Nature, les animaux. J’étais déjà plus ou moins végétarienne en arrivant en Australie mais je suis clairement devenue végane là-bas (et je le suis encore ahah), avec une attention toute particulière pour l’environnement qui m’entoure. Les aborigènes considèrent la Nature comme une « divinité » et bien que ça ne soit pas mon cas, j’ai complètement gardé cette vision de la Nature sacrée (dans le sens, à protéger).
Merci Marina !
Pour tout savoir sur les destinations éligibles aux Français et aux Belges en PVT, rdv sur le site pvtistes.net !
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