Bonjour et merci de nous accorder cette interview ! Peux-tu te présenter ?
Adèle : Bonjour, je m’appelle Adèle, j’ai 26 ans. Je suis originaire de l’Ardèche, mais j’ai vécu 5 ans à Toulon avant de partir en Australie. Après mon master en communication, j’ai travaillé quelques temps dans la restauration pour pouvoir mettre de l’argent de côté afin de réaliser mon projet.
Pourquoi as-tu choisi de partir en WHV en Australie ?
Adèle : J’ai toujours rêvé de partir en Australie depuis que je suis petite, je ne sais pas vraiment pourquoi (peut-être à cause des kangourous). C’était un pays de rêve pour moi. Je me suis renseignée sur le WHV Australie, il y a quelques années, en me disant que je partirais après mes études. Mais après mon master, j’ai dû travailler pendant un an pour pouvoir économiser. Finalement, je suis partie en février 2023.
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Qu’est-ce qui t’a motivé à partir seule en WHV Australie ?
Adèle : Au départ, je devais partir avec ma meilleure amie, mais nos plans ne coïncidaient pas. Elle est finalement partie avec une autre copine, et moi, je me disais que j’allais les rejoindre.
J’ai donc choisi de partir seule.
Quelque part, c’était un petit défi. Le défi de me prouver que je pouvais y arriver seule, en étant loin de tout, avec peu de ressources, c’était très motivant pour moi.
L’avantage aussi, c’est que je suis fille unique, j’ai toujours été très autonome et très indépendante. Même si je n’étais jamais partie en solo, j’avais quand même l’expérience du voyage, avec des amis, de la famille, des copains…
Comment on se prépare pour une aventure pareille ?
Adèle : Pour l’argent, j’ai commencé à économiser pendant mes études, notamment grâce à mes alternances. Ensuite, j’ai travaillé un an dans la restauration et en parallèle dans la communication. Je faisais des grosses semaines, donc j’ai pu rapidement mettre de l’argent de côté.
Administrativement, j’ai rendu mon appartement trois semaines avant le départ et je suis retournée vivre chez mes parents. Pour l’obtention du visa, c’était plutôt simple, il n’y avait pas grand-chose à faire. Et pour les billets d’avion, j’ai su chercher les bons billets, au bon moment.
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Puisque c’était un rêve de longue date, tes proches n’étaient pas surpris de ton projet, j’imagine ?
Adèle : Mes amis savaient depuis longtemps que je voulais partir. L’Australie, c’était un rêve que j’avais depuis des années.
Mes parents, eux étaient au début réticents, mais ils se sont dit que ça irait puisque je partais avec ma meilleure amie. Quand ils ont su que je partais en solo, ça a été plus difficile pour eux, la distance et la durée les inquiétaient. Pour les rassurer, j’avais dit que je partais pour 5-6 mois. D’ailleurs, je disais à tout le monde que je partais pendant 6 mois, pour pouvoir me laisser le choix. Mais au fond, je voulais vraiment profiter et faire un an sur place.
Tu avais des attentes ou des objectifs pour ce WHV ?
Adèle : J’avais vraiment envie de me faire beaucoup de sous, mais ça ne se passe pas toujours comme prévu…
Je voulais aussi beaucoup visiter, acheter ma propre voiture, travailler et kiffer. J’avais très hâte de découvrir les paysages de la Côte Ouest australienne. Je savais que sur la Côte Est c’était plus facile pour faire des rencontres, pour sortir, etc.
Après, c’était pas mal au feeling.
Quelle ville as-tu choisie pour démarrer ton WHV Australie ? Et pour quelle(s) raison(s) ?
Adèle : J’ai décidé d’arriver à Melbourne. Je me suis renseignée avant mon départ sur cette ville. Et elle semblait me correspondre. J’aime sortir, j’avais vu que c’était la ville de la techno, que ça avait l’air cool. Melbourne me donnait vraiment envie.
Au contraire, j’avais l’impression que Sydney était une ville trop grande, et Brisbane trop calme.
Du rêve à la réalité, comment s’est passée ton arrivée en Australie ?
Adèle : Les premières heures n’ont pas été top… Je suis arrivée à Melbourne et à cette période en Australie, il pleuvait, il faisait froid… Sauf que j’avais pas prévu ça, j’étais arrivée en mode chill, les mains dans les poches.
Ce qui est bizarre, c’est qu’à Melbourne, je n’ai pas vraiment senti la vibe. Entre le froid et le fait que je ne rencontrais personne, j’ai décidé de partir, vers un endroit où il faisait chaud.
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J’avais le choix entre Brisbane et Perth, où il y avait ma meilleure amie. Finalement, j’ai choisi de partir à Brisbane parce que les prix et la météo étaient plus intéressants.
Tu as ensuite cherché du travail ?
Adèle : Je voulais faire mes jours de ferme rapidement pour pouvoir être “débarrassée”. J’ai contacté une fille qui avait posté un message sur un groupe Facebook. Elle avait un van et elle cherchait quelqu’un qui accepterait de vivre avec elle et de partager les frais de location.
On s’est mises à chercher des fermes vers Towoomba. En arrivant, on a essayé de postuler directement dans les fermes avec le van. Malheureusement, ce n’était pas la bonne saison, ils ne recrutaient pas… On a continué à chercher, mais on n’a pas trouvé dans la région…
On a décidé de redescendre sur Byron Bay, là où il y avait le propriétaire du van, au cas où on aurait un souci avec le véhicule. Miraculeusement, grâce à WikiFarms, on a trouvé un job en ferme à Hayters Hill, dans une pépinière. Et on a pu commencer nos jours là-bas.
Ensuite, on s’est fait des amis sur Byron Bay. Et on a essayé de trouver une ferme pour nous vers Orange, là où ils avaient déjà un emploi. Au final, ma “coloc” a trouvé une ferme pour 5 à Tamworth. C’était une agence d’intérim qui cherchait à recruter pour vacciner des poulets.
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C’est rare de trouver un job pour 5 personnes, c’était une expérience mémorable j’imagine ?
Adèle : Au début, j’y croyais moyennement… Mais finalement, on a réussi à trouver !
On a quitté notre ferme, on a rendu notre van, on a pris le train, pour rejoindre nos amis. On était trop heureux de se retrouver tous ensemble. On a loué une maison pour une semaine, le temps de commencer à travailler. Le premier jour, on s’est rendu à l’agence d’intérim qui nous avait recrutés. On a passé des tests physiques et l’après-midi, on a passé des entretiens individuels avec les fermiers. Le soir, l’agence nous dit qu’ils ont du boulot pour 3. On s’est un peu énervés. Et finalement, ils ont réussi à nous trouver du boulot pour tous les 5 (comme convenu au départ).
Le lendemain matin, on s’est retrouvés dans une manufacture dédiée à l’abattage de poulets… On a mis nos tenues : bottes, gants, charlottes, bouchons d’oreilles, tout un attirail. J’ai même dû enlever mes piercings. On a visité l’usine, on nous a expliqué comment on devait sélectionner les pièces de poulet (qui étaient déjà morts). Et là, on nous a expliqué que les garçons allaient avoir une autre mission. Ils se sont retrouvés dans une pièce isolée. Ils étaient plongés dans le noir, avec des lunettes infrarouges. De ce qu’ils nous ont expliqué, il faisait très chaud et ça sentait très fort le poulet. Ils avaient pour mission d’attraper les poulets pour ensuite les déplacer pour qu’ils soient tués.
L’ENFER ! Une histoire à dormir debout ! Le soir, on est rentrés dépités, et les gars nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas faire ça, donc ils sont retournés dans leur ancienne ferme de cochons. Mais pour nous, c’était impossible de revenir dans notre ancien boulot. Sauf que l’argent commençait à manquer…
Vous avez eu d’autres pistes ensuite ?
Adèle : On est parties faire du tree planting (planter des arbres), en montagne dans le New South Wales. On est arrivées, le logement était sale, il n’y avait rien, pas d’Internet, pas de chambre, c’était une salle avec 16 lits posés là avec la cuisine à côté… Bon, on a décidé de se remotiver pour faire nos jours… Mais c’était très dur, même horrible. On en a vraiment chié.
Pour expliquer le job, on avait une mini-pelle, une ceinture avec des petits arbres accrochés au niveau de la taille (environ 40 de chaque côté). C’était très lourd. Et on avait 5 secondes pour creuser, planter et reboucher avec notre pied le trou.
On était payées au rendement, au bac d’arbres. Le bac de 40 arbres était payé 6 $AU, donc rien du tout. Le principe était simple, tu devais planter le plus vite possible et le plus possible.
Ça faisait plusieurs mois que j’enchaînais les galères, c’était très compliqué, j’étais à deux doigts de rentrer en France. J’ai donc été la première à abandonner.
Vous étiez au courant que vous deviez être payées au salaire minimum, même en étant au rendement ?
Adèle : Pour eux c’était légal…
Vous avez pensé à appeler Fair Work ?
Adèle : Oui, on a pensé à appeler Fair Work. Je ne sais pas pourquoi on ne l’a pas fait. En réalité, on était saoulées, tristes, on était tous vraiment pas bien… Donc, c’était compliqué…
La situation d’Adèle n’est pas un cas isolé. C’est pourquoi nous tenons à vous rappeler que même dans le cadre d’un WHV Australie, vous avez des droits en tant qu’employé et vos employeurs ont des devoirs à respecter. Si vous êtes mal considérés, mal traités, si vous n’êtes pas payés, ou abusés, signalez-le le plus rapidement possible à Fair Work. Cet organisme est prévu pour vous épauler en cas de problème. Et surtout cela permettra d’éviter que ce genre de pratiques ne se reproduisent avec d’autres. Pensez-y !
Tu as finalement pu faire tes 88 jours ?
Adèle : Après ça, j’ai décidé de voyager de nouveau seule. J’ai cherché vite fait des fermes, mais sans voiture, c’était vraiment trop compliqué…
J’ai décidé de partir vers Adelaide. Je me suis dit pourquoi pas aller là-bas, un endroit souvent oublié par les backpackers.
Rapidement, j’ai trouvé un emploi dans un café/restaurant qui proposait aussi des dégustations de vin et j’ai aussi trouvé une colocation. D’ailleurs, c’est là-bas que j’ai trouvé une deuxième famille. Je suis rentrée dans le vif du sujet, en parlant anglais. C’était une expérience de malade.
Mais ce job ne comptait pas pour les 88 jours. Plus tard, j’ai dû trouver une ferme pour les faire. Grâce à des gens rencontrés vers Byron Bay, j’ai trouvé une ferme de patates douces et d’oignons dans le South Australia, dans la région de Riverland.
On a beaucoup parlé du travail, mais as-tu eu l’occasion de voyager à travers l’Australie pendant ton WHV ?
Adèle : Oui ! Avant de partir à Adelaide, je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup voyager. Je suis partie à Noosa, c’était super joli. Ensuite, j’ai pu découvrir Fraser Island où j’étais allée en stop dans l’espoir de trouver du travail avec ma coloc de van. J’ai aussi visité Rainbow Beach, mais c’était toujours en mode recherche de taf.
Quand je suis partie d’Adelaide, j’ai vraiment pu faire 3 semaines de road trip sur toute la partie sud du Western Australia, pour rejoindre Perth.
J’ai aussi eu l’occasion de voyager à Bali pendant mon visa.
Quels ont été tes endroits coups de cœur en Australie ?
J’avoue que niveau paysages, le sud du Western Australia est vraiment incroyable ! Albany, Esperance, ce sont des endroits à couper le souffle, avec des eaux turquoises, des plages de sable blanc, où il n’y a personne !
Au niveau des sorties et des rencontres, je dirais plutôt Adelaide. J’ai passé la moitié de mon année dans le South Australia et c’est vraiment une région SOUS-COTÉ. Personne n’en parle, et d’un côté heureusement comme ça il y a moins de backpackers. C’est vraiment magnifique, je me suis retrouvée à y vivre par hasard et c’était vraiment incroyable ! D’ailleurs, le jardin botanique était superbe, beaucoup de personnes m’ont dit que c’était l’un des plus beaux à travers l’Australie.
Sur Instagram, tu as commenté un de nos posts en disant “on revient surtout encore plus perdue d’un WHV Australie”, qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Adèle : Il y a beaucoup de personnes qui partent de France, en ne sachant pas quoi faire de leur vie. En se disant, “je pars à l’étranger pour me retrouver, trouver mon métier, pour me changer”.
Pourtant, au final, quand tu rentres en France, tu repars à 0. Tu as vécu plein de choses en un an, et quand tu reviens, tout a changé. Tu revois des amis qui ont des enfants, tu te rends compte qu’on n’a pas du tout vécu les mêmes choses.
Il y a un écart un peu entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés en France…
Beaucoup de jeunes femmes souhaitent voyager en solo en WHV, quel est ton retour d’expérience par rapport à la sécurité en Australie ?
Adèle : Je ne me suis jamais sentie en insécurité en Australie. Je vais donner l’exemple d’une copine, elle a vécu à Sydney, elle sortait jusqu’à 4 h du matin, en minijupe, et elle n’a jamais eu de problème. J’ai fait du stop, je n’ai jamais eu de problème.
Je conseille vraiment l’Australie comme destination pour un voyage en solo. Et il ne faut surtout pas hésiter à aller vers les autres ! Quand tu voyages seule, tu n’es jamais vraiment seule, tu es toujours entourée. Alors, oui, tu seras peut-être seule une journée, un matin, mais si tu le veux, tu peux vite faire de belles rencontres et faire un petit bout de chemin avec quelqu’un.
Si c’était à refaire, y a-t-il quelque chose que tu ferais différemment ?
Adèle : C’est un conseil que je m’appliquerai, moi aussi pour mon prochain WHV : l’achat d’une voiture. C’est vraiment important. Même si c’est compliqué d’acheter un véhicule seule et de devoir tout payer, mais des risques, il faut savoir en prendre.
C’est pour ça que j’ai décidé de reporter à 2025 mon retour en Australie. Je veux arriver avec un bon budget, pour pouvoir m’acheter une voiture aménagée. Et avoir en plus un peu d’argent au cas où il y aurait des frais à prévoir…
Tellement inspirant cet article ! L’Australie, c’est vraiment le rêve ultime pour plein de gens, moi inclus 😍. Entre les paysages de ouf et l’ambiance chill, ça donne vraiment envie de tout plaquer et partir direct ! Est-ce que vous avez des tips pour ceux qui hésitent encore à franchir le pas ? Parce que moi, après avoir lu ça, je suis déjà en train de faire mes valises 😂. Merci pour la motivation
Hello Sonia,
c’est un plaisir de lire ton message ! Il y a tellement de raisons de partir en Australie, on en parle justement sur cette page. Je te recommande vivement de lire les témoignages disponibles sur le site. Ils finiront de te convaincre.😊