Les amitiés éphémères : le témoignage de Claire sur une autre réalité du voyage

Il y a quelque temps, une publication d’une pvtiste en Australie sur un groupe Facebook dédié aux backpackers, a attiré notre attention. Dans son post, Claire prenait le temps de partager avec d’autres voyageurs son parcours en Australie. Arrivée 4 ans auparavant sur le territoire australien, elle a expliqué avoir commencé son aventure, comme beaucoup, par un WHV. Puis au fil du temps, les projets évoluant, c’était maintenant la résidence permanente qui lui tendait les bras. Malgré cette nouvelle vie riche en opportunités et en renouveau, elle a pris conscience, d’une partie souvent négligée des voyages : l’aspect (très) éphémère des amitiés.

30/01/2025
Temps de lecture estimé 4 minutes.

Depuis son arrivée en 2019, Claire a eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes, mais toutes ont fini par repartir. Un témoignage à cœur ouvert sur un sujet trop peu souvent traité, sur une autre réalité du voyage.

    Bonjour, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en Australie depuis ton arrivée ? Entre visa WHV et résidence permanente ?
    Je suis arrivée à Perth fin du mois de décembre 2019 avec un WHV tout juste avant le Covid et j’avais pour but de ne rester que 3 mois avant de m’envoler pour la Nouvelle- Zélande. Mais le Covid est arrivé en janvier alors je suis restée plus longtemps que prévu.

    Puis j’ai rencontré quelqu’un à Perth alors j’ai décidé de changer mes plans. J’ai fini par vivre 9 mois à Perth, puis n’ayant aucune envie de vivre en Australie à ce moment-là, j’ai prolongé mon séjour avec juste un visa touriste puis Covid Visa, car j’aimais bien explorer l’Australie.
    De Perth, j’ai fait un road trip jusqu’à Adelaide, où j’ai vécu 4 mois. Puis, j’ai continué jusqu’en Tasmanie, où j’ai vécu 10 mois, à Hobart.

    À l’époque, les 88 jours n’étaient pas nécessaires en période de COVID, alors, j’ai fait une demande de 2e WHV pour rester.

    C’est ainsi que j’ai pu continuer mon aventure sur la côte est, explorant l’État du Queensland puis celui du New South Wales, où j’ai vécu 4 mois à Sydney.

    Enfin, ma curiosité s’est portée sur Melbourne et contre toute attente, j’ai adoré la ville et j’ai décidé d’y vivre.

    Entre temps, j’ai eu un 2e Covid Visa et maintenant, grâce à mon copain, je suis en 482 Temporary Skilled Visa car il est sponsorisé. Fin 2025, on pourra faire la demande pour obtenir une Résidence Permanente.

    Qu’est-ce qui t’a poussé à partir, il y a 4 ans, en WHV Australie ?
    Juste une envie de voir ce que ça faisait de travailler hors de mon pays, sortir de ma zone de confort et voir également si j’étais capable de faire le même boulot que je faisais à Paris et pas que des petits boulots.
    Comment décrirais-tu l’expérience sociale lors d’un WHV ? Des premiers jours sur place, aux années qui ont défilé ?

    Au début, c’est excitant. On rencontre plein de gens en auberge de jeunesse.
    On est dans le voyage, la découverte donc on partage beaucoup avec des inconnus qui deviennent très proches en peu de temps, car tout est amplifié et plus intense quand on voyage.

    J’étais avide de rencontres, mais petit à petit, je voyais les gens partir. C’était très dur au début, j’avais des grandes phases de tristesse.

    Alors il fallait recommencer à créer de nouveaux liens, ce qui, à la longue m’a épuisé mentalement. Car au début d’une amitié, ce sont les mêmes questions et discussions qui reviennent. Et ça, ça m’ennuie énormément.

    Puis avec les années qui passent, j’ai juste fini par accepter que c’était normal et qu’au lieu de m’infliger cette torture, il valait mieux que je me concentre sur des expats qui eux, restent.

    D’après ton témoignage, il semble que les rencontres éphémères sont fréquentes dans la communauté WHV ? Pourquoi selon toi ?

    Oui, ça fait partie du truc.

    On doit accepter les rencontres éphémères ! Tout le monde est en train de voyager, les gens n’ont pas forcément les mêmes plans, ça voyage dans tous les sens, donc forcément ça ne peut pas durer.

    Après, il m’est arrivé de revoir des personnes que j’avais rencontrées dans un État, dans un autre, et ça, c’était cool.

    Quelles émotions ressens-tu face à ces départs successifs de ces personnes qui sont devenues des ami(e)s ?
    Et bien, au début, c’était terrible. J’étais dévastée. Je m’attachais à 1 ou 2 personnes maximum à la fois, car je privilégie la qualité à la quantité. Alors quand ils partaient, je ressentais un grand vide.

    Puis maintenant, je ne dis pas que je ne suis plus triste, je le suis toujours, mais moins. Disons que j’ai appris à prendre du recul et j’ai appris à accepter ces amitiés éphémères. Je profite de chaque instant de leur présence jusqu’au jour où ils partiront. Et puis, au lieu de me lamenter, j’ai appris à être reconnaissante de les avoir rencontrés.

    As-tu trouvé des moyens de maintenir le lien avec les personnes rencontrées malgré la distance ?
    Oui, on s’appelle, on s’envoie des vidéos ou on se donne des nouvelles par message, mais je sais qu’avec le temps, ça va disparaître…
    Quels conseils donnerais-tu à ceux qui partent en WHV pour mieux gérer cette “instabilité” sociale ?

    Que, au lieu de voir le côté négatif, de voir cela comme une opportunité de rencontres que l’on n’a pas forcément quand on est chez nous.

    C’est-à-dire d’être reconnaissant de les avoir rencontrés, même si c’est court. Et de chérir les moments passés avec ces personnes. Finalement, ils ont contribué au voyage et c’est quand même bien mieux de les avoir eu sur notre route que pas du tout.

    Et accepter que ce soit temporaire. Car au final, dans la vie, tout est temporaire. On ne sait pas quand ça va s’arrêter. Donc, profitons du moment.

    Avec le recul, penses-tu que cette expérience t’a changé(e) dans ta façon de voir l’amitié ?
    Oui, je me détache facilement des gens, je pense. Je prends ce qu’il y a à prendre puis je continue mon chemin. C’est peut-être un peu dur à entendre, mais je n’ai pas le choix.
    Quels sont les aspects positifs que tu retires de cette expérience malgré la difficulté des séparations ?
    Les rencontres sont plus folles, plus intenses. Tout le monde vit dans l’instant présent donc on se confie plus, on est spontanés, tout va vite. On s’amuse, c’est maintenant ou jamais, donc les liens se créent et se solidifient en peu de temps.

    Des rencontres d’une semaine peuvent parfois valoir de longues amitiés qu’on a chez soi, voire même plus.

    Souhaites-tu continuer à vivre en Australie ou envisages-tu de rentrer ou d’explorer d’autres horizons ?
    Oui, mon but maintenant est de vivre à Melbourne.
    Un message ou une réflexion pour ceux qui, comme toi, vivent parfois mal les relations d’amitiés éphémères ?
    L’être humain s’adapte à toute situation et heureusement.

    On vit mal les relations d’amitiés éphémères puis avec le temps, on s’endurcit et cela nous fait moins mal car on s’habitue.

    Ça passera, c’est une question de temps et d’adaptation.

    Un grand merci pour ton retour d’expérience !
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