En Australie, les métiers techniques recrutent : Hugo, fraiseur en PVT, témoigne

De la Bretagne à Sydney, Hugo a tout quitté pour voyager et se challenger ! Finalement, il a l’occasion de poursuivre sa carrière de tourneur-fraiseur en Australie. Entre défis linguistiques, découverte d’un nouveau mode de travail et opportunités professionnelles, il partage sans filtre son expérience de pvtiste dans un métier rare et recherché.

15/10/2025
Temps de lecture estimé 6 minutes.
Bonjour Hugo, pour commencer, peux-tu te présenter et nous dire ce qui t’a poussé à partir en PVT Australie ?
Bonjour, donc moi c’est Hugo (@hugo.vadrouille sur Instagram), j’ai 28 ans et je ne viens pas de France mais plutôt de Bretagne.
Ce qui m’a poussé à partir en Australie, bonne question. Le projet de base était de partir au Canada, à Montréal plus précisément. Pour rejoindre ma copine de l’époque, mais une rupture est arrivée. Donc, le projet est tombé à l’eau… D’autant plus que je n’ai jamais été tiré au sort.

Sauf qu’à ce moment-là, je commençais à m’ennuyer dans mon travail, je ne voyais plus d’évolution et je commençais à perdre la motivation.

J’ai toujours voulu voyager, je ne connaissais pas cette partie du monde. Plus j’y pensais, plus j’avais envie d’y aller. En mars 2024, après une discussion avec un ami qui était parti en PVT en Nouvelle-Zélande, j’ai eu un déclic et ma décision était prise : je pars en Australie.

Visa accepté, démission posée et appartement vendu, me voilà en Australie en août 2025.

Tu exerces un métier plutôt rare chez les pvtistes : tourneur-fraiseur. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton travail ?
Oui je trouve ça très dommage que ce magnifique métier soit inconnu pour la plupart de notre génération. Je vais essayer de rester simple. J’aime bien dire que c’est un peu comme de la chaudronnerie mais en plus précis. Nous fabriquons des pièces mécaniques à l’aide de machines, à l’époque contrôlées par l’humain à l’aide de manivelles, mais maintenant nous recevons la pièce du client en 3D et nous faisons un programme sur ordinateur pour définir les parcours des outils pour fabriquer cette pièce. Ensuite, après quelques réglages sur la machine et le programme exécuté par la machine, la pièce finie est contrôlée car souvent nous avons des tolérances au centième de millimètre.

Donc pour résumer, nous partons d’un gros bloc de métal ou de plastique où l’on vient enlever de la matière avec des outils coupants pour fabriquer une pièce précise.

En Australie, comment as-tu trouvé ce job ?
J’ai trouvé ce travail en postulant sur Seek à toutes les annonces que je trouvais. Et aussi, je cherchais les entreprises sur Internet et les contactais sur LinkedIn.

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Est-ce que tu exerçais déjà ce métier avant ton départ ? Peux-tu nous en parler ?
Oui, j’exerçais ce métier en France depuis 9 ans, 2 ans de BTS en alternance puis 7 ans dans une autre entreprise à la sortie de mon BTS. Pour vous expliquer pourquoi j’ai ressenti un manque de motivation qui a provoqué mon départ en Australie, je vais vaguement vous expliquer mon évolution dans mon entreprise. J’ai été recruté pour remplacer un départ en retraite.

Mon poste était simple : fraiseur, c’est-à-dire que je réglais juste la machine et je ne faisais pas de programme. Rapidement, j’ai appris la programmation et je programmais donc ma machine et étais autonome. Ensuite, mon patron m’a acheté une nouvelle machine 5 axes, donc beaucoup plus complexe et intéressante. Rapidement à l’aise, une deuxième 5 axes est arrivée, je programmais donc 2 machines et réglais 2 machines. C’était énormément de travail, donc nous avons décidé avec mon patron de recruter une personne pour m’aider. Je passais dans un bureau pour faire uniquement de la programmation, planification et gestion complète de mon îlot de machines. Notre duo marchait très bien.

Cela a duré, je pense, 2 ans sans changement. C’est là que la motivation a commencé à baisser. Le manque de challenge, de renouveau, se faisait sentir pour ma part. J’ai toujours très vite évolué dans mon entreprise et, d’un coup, plus rien. J’aime apprendre de nouvelles choses, mais je ne voyais plus comment avancer dans ce poste.

Est-ce que tu as du passer des formations pour pouvoir travailler dans ce domaine en France puis en Australie ?
Oui, j’ai donc fait un bac pro technicien d’usinage, c’est l’apprentissage des machines à commande numérique. Puis un BTS en alternance, plus poussé dans l’optimisation de programme. Mais en Australie, non, aucune formation, car j’avais déjà mon expérience en France.
Comment ton expérience professionnelle française a-t-elle été perçue en Australie ? Est-ce un métier recherché là-bas ? Et pensais-tu réaliser ce type de job avant ton arrivée ici ?
Très bien, car la plupart des offres d’emploi que je trouvais étaient pour un poste inférieur à celui que j’occupais en France. Oui, c’est un métier en manque de personnel et inconnu comme en France. J’ai quand même eu pas mal de refus dus à mon visa et au fait qu’ils cherchaient quelqu’un pour du long terme. J’ai donc adopté une autre technique d’approche, sachant que j’avais déjà fait mes 88 jours de ferme, je disais dans ma lettre de motivation que j’étais disponible pour un an et demi. Et j’ai fini par trouver une entreprise, puis une deuxième dans la foulée. Je suis actuellement dans mon entreprise depuis 7 mois. Vous allez me dire qu’avec mon visa, nous ne pouvons pas rester plus de 6 mois dans la même entreprise. Mais si ! Dans mon cas, j’ai fait 5 mois sur mon premier visa et enchaîné sur ma deuxième année de visa, où le compteur des 6 mois repart à zéro à chaque visa. Je vais donc rester jusqu’à fin février dans cette entreprise, ce qui tombe parfaitement bien vu que c’est la fin de l’été à Sydney à cette période.

Est-ce que je pensais faire ce job en Australie ? Mon père essayait de me dire, avant que je parte en Australie, qu’il serait bien que je le fasse, mais j’avais envie de couper un peu. Puis après 6 mois ici, je me suis dit : pourquoi pas se faire une nouvelle expérience dans une autre entreprise et un autre pays ?

Peux-tu nous décrire une journée type dans ton travail ? Quelles sont tes principales missions ?
Alors déjà, pour préciser, beaucoup d’entreprises ici fonctionnent en 2/8 (morning shift et afternoon shift). Moi, je suis en afternoon shift, donc je commence ma journée à 15h30 et je la termine à 00h30. Ce qui me convient parfaitement. Nous sommes payés 15 % de plus en afternoon shift, car les Australiens ne veulent pas travailler à ces horaires-là. Et avec le fait de commencer qu’à 15h30, j’ai la matinée pour faire ce que je veux (sport, plages, shopping). Donc, pour expliquer mes missions, les gens qui travaillent le matin règlent les machines et nous, l’après-midi, on doit juste changer les pièces, contrôler les pièces fabriquées et changer les outils quand ils sont usés.

Au début, c’était vachement frustrant, car en France, j’étais celui qui faisait le programme et ici je ne règle même pas la machine. Au final, je prends le positif et j’apprends un nouveau langage de machine, car oui, chaque marque de machine a un différent langage de codage. J’apprends aussi une nouvelle façon de travailler en Australie, c’est complètement différent de la France.

Ici, c’est très, très chill, je me demande des fois comment ils arrivent à s’y retrouver financièrement, car nous travaillons largement moins vite et nous sommes payés le double.

Quels sont les avantages et les défis d’exercer un métier aussi technique dans un pays étranger ?
Les avantages, c’est surtout de découvrir une nouvelle façon de travailler et de nouvelles technologies et techniques d’organisation. Le plus gros défi pour moi a été la langue.
Comment se passe ton intégration dans l’équipe et la barrière de la langue au quotidien ?
Agréablement bien, j’ai été très bien intégré. Des BBQ sont organisés tous les mois et des soirées apéro billard. La chose qui m’a le plus marqué, c’est que contrairement à la France, il n’y a pas de jalousie ou de « concurrence » entre salariés. C’est un esprit vachement plus sain et détendu. Un jour, j’avais pas grand-chose à faire et j’ai dit à mon patron que ça allait être calme ce soir niveau travail, et il m’a répondu : « tu aurais dû amener ton ballon de foot pour jouer ». Une autre fois, j’avais énormément de travail et mon manager me dit : « t’inquiète pas, ne cherche pas à aller trop vite, fais ce que tu peux ». C’est vraiment différent de la mentalité française.
Ce job t’a-t-il aidé à valider tes jours nécessaires pour le renouvellement de visa ?
Je viens de commencer ma deuxième année. Et non, malheureusement, mon job est à Manly (Sydney), donc il ne compte pas pour les jours pour le renouvellement. Mais si je veux rester, je sais que je peux faire un sponsor visa dans mon métier plutôt facilement. D’autant plus que, maintenant, j’ai aussi une expérience en Australie dans mon domaine. Dans mon entreprise, il y a actuellement 3 personnes en sponsor et mon patron n’est pas du tout fermé à sponsoriser. Je crois même qu’il paye la moitié du visa.
Quel conseil donnerais-tu à un(e) pvtiste qui a du mal à trouver du travail, notamment à cause de la concurrence accrue en Australie ?
Alors avant de donner un conseil, je voulais plutôt préciser que quand je suis arrivé en Australie, je ne parlais pratiquement pas anglais. Je pense, qu’il aurait été impossible de travailler dans ce domaine sans niveau, même si rien n’est impossible quand on veut. J’ai donc d’abord validé mes jours de ferme et c’est là que mon niveau d’anglais a explosé et que j’ai pris confiance en moi.

Donc, un conseil pour les Français qui veulent apprendre l’anglais : ne restez pas dans votre confort à traîner qu’avec des Français. Allez parler avec des étrangers et oubliez que vous n’êtes pas très bons en anglais ! C’est en pratiquant et en essayant que vous allez vous améliorer. Sinon, en Australie, les personnes qui ont un métier manuel sont très recherchées. Pour la petite histoire, j’ai un pote qui ne l’était vraiment pas et il a réussi à rentrer dans une entreprise de chaudronnerie et à être formé en tant que soudeur. Ce sont des métiers oubliés par les backpackers, mais ce sont des métiers qui recrutent et payent très bien (on est mieux qu’en mine 🤣).

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