Après s’être documenté, tant bien que mal, pour pouvoir se lancer dans son projet, Killian a pris la route. Malgré les alertes de bon nombre de personnes (comme il va nous l’expliquer), il a suivi son objectif. À travers son témoignage, il nous dévoile les enjeux de ce voyage et donne des conseils précieux aux futurs aventuriers qui, comme lui, voudraient tenter l’expérience.
Préparez votre voyage dans le Western Australia ou dans le centre de l’Australie avec nos articles dédiés :
Bonjour, peux-tu te présenter et nous dire pourquoi tu as choisi de partir en WHV Australie ?
Killian : Je m’appelle Killian Curfs, j’ai 26 ans et je suis ingénieur agronome dans le département de La Marne. J’ai pas mal voyagé au cours de mes études et l’Australie était une destination qui me tentait depuis longtemps. Travaillant dans le domaine agricole, je voulais aller faire une saison de moissons et de semis là-bas. Et bien évidemment, pour pouvoir visiter le pays.
Qu’est-ce qui t’a motivé à partir à l’aventure, et pourquoi as-tu choisi un road trip sur la Great Central Road ?
Killian : J’ai parcouru 35 000 km en 8 mois en Australie donc j’ai vécu énormément d’aventures, de voyages, de découvertes et fait de nombreuses rencontres.
J’ai choisi un road trip sur la Great Central Road parce que je voulais voir la vraie Australie, les déserts et les étendues à perte de vue, un peu ce que j’imaginais du pays finalement.
J’ai réalisé les semis dans une ferme située à Lake King dans le Western Australia pour finir fin mai, je me donnais 1 mois de vacances pour partir de la ferme, passer par Uluru et me rendre à Cairns pour voir la Grande barrière de Corail. Depuis l’État du Western Australia, jusqu’à Uluru, 3 itinéraires sont possibles, 2 sont goudronnés et un est en graviers.
Aimant l’aventure, mon choix s’est tout de suite dirigé vers la Great Central Road malgré les avertissements de mon patron sur les éventuels risques de cette route.
Quelles étaient tes attentes avant de partir ? As-tu suivi un plan précis ou as-tu laissé une grande place à l’improvisation pendant ton voyage ?
Killian : J’avais envie de relier rapidement Uluru depuis le Western Australia. Voir du désert, passer par des endroits isolés. Enfin, le vrai road trip. Par contre, il s’agissait de tout planifier à l’avance : les arrêts, le gasoil, le permis, etc…
Comment as-tu préparé ce road trip ?
Killian : Si on parle de l’itinéraire sur la Great Central Road, cela ne m’a pris que 2 jours finalement. Donc rien d’un road trip là dedans ahah. C’est plutôt la suite dont il faut parler pour utiliser ce terme. La seule chose à ne pas négliger pour ce trajet est sa voiture. On s’apprête à réaliser plus de 1 000 km de route en graviers sans garages, sans dépanneuse, sans pièces détachées, et peu de stations service, etc. Étant passionné de mécanique, j’ai pas mal travaillé sur ma voiture avant de partir afin de prendre la route, le plus sereinement possible. Même si on n’est jamais à l’abri d’une panne.
Un conseil pour des futurs pvtistes, il ne faut surtout pas s’engager dans le trip avec une voiture qui donne des signes de faiblesse ou pas fiable.
Finalement, comme j’ai pu le lire dans les témoignages de personnes ayant emprunté cette route, et je partage maintenant leur avis, « it’s only a gravel road ». En effet, il n’y a pas d’obstacles, pas de franchissement, pas de sable, etc. Certains la font même en 2 roues motrices ! C’est surtout le côté reculé de la route qui lui donne un air de défi !
Peux-tu nous décrire ton ressenti lorsque tu t’es retrouvé au milieu de ce paysage désertique ?
Killian : J’ai trouvé exactement ce pour quoi je m’étais engagé sur cette route, un désert à perte de vue, une sensation de liberté, d’être seul au monde, le vrai road trip quoi ! Même s’ il faut l’avouer, on se lasse rapidement de la tôle ondulée !
Quels étaient les principaux défis de ce trajet ?
Killian : Concernant les défis du trajet, je dirais qu’il faut vraiment bien s’informer sur les conditions de la route avant le départ notamment via la page Facebook « the Great Central Road » où des retours d’expérience sont postés quasiment tous les jours.
À noter qu’il y a de la route en tôle ondulée sur une bonne partie du trajet, comme à beaucoup d’endroits en Australie.
À propos de l’équipement, je n’ai pas eu besoin de jerrican car j’avais un Dual Tank sur la voiture (environ 1 000 km d’autonomie). Je n’ai rien eu à signaler au niveau de la mécanique de la voiture. Il faut dire qu’un Toyota série 80 est fait pour ce type d’environnement.
Quels sont les aspects les plus importants à prendre en compte lorsqu’on prévoit de traverser une route aussi peu fréquentée, accidentée et isolée en Australie ?
Killian : Il y a plusieurs choses à prendre en compte pour aborder ce trajet : les conditions de la route, l’état du véhicule, l’équipement (avec la caisse à outils, l’huile moteur etc), les provisions en eau et en nourriture en cas de problème.
Clairement, on ne souhaite pas que notre voiture finisse comme les innombrables épaves que l’on peut croiser sur le bords des routes.
Sur ton témoignage Facebook, tu mentionnes la nécessité d’avoir des permis pour traverser les territoires aborigènes. Comment s’est passée cette démarche ?
Killian : Du Western Australia jusqu’à Uluru, il faut se procurer 3 permis autorisant à traverser des territoires aborigènes. Deux permis pour l’État Western Australia et un pour l’État du Northern Territory. Les demandes se font en ligne en renseignant les identités des membres du voyage, l’immatriculation de la voiture et les dates de passage dans la zone. C’est très simple à faire et gratuit.
Avant de m’engager sur la route je suis passé au centre d’informations de Laverton pour m’assurer que j’avais pris les bons permis et c’était all good.
Comme il faut renseigner les dates de passage, il s’agit de bien planifier son itinéraire.
Sur Facebook, tu évoques l’absence de réseau sur presque tout le trajet. Comment as-tu géré cette situation ?
Killian : Je n’ai pas eu de réseau sur tout le trajet, bien que j’étais chez Telstra. Je m’étais renseigné à l’avance sur le parcours et c’était une ligne droite de Laverton à Uluru. Donc l’avantage, c’est qu’il n’y avait pas besoin de GPS.
J’ai cependant passé la nuit à Warburton où il y avait du réseau ce qui a permis de rassurer mes proches, etc.
Par contre, j’avoue que c’est difficile de donner son avis là-dessus. Pour ma part, je dirai que pour rester en sécurité il faut respecter les consignes, ne pas sortir de la route, ne pas chercher à rentrer dans les communautés sans y être invité et respecter les personnes que l’on croise. Il y a aussi une interdiction de transiter avec de l’alcool sur les territoires aborigènes.
Bon à savoir, l’alcool à emporter n’est pas autorisé dans certains endroits de l’État du Northern Territory, notamment proche des communautés aborigènes reculées. Pensez à bien vous renseigner en amont de votre voyage. Plus d’informations.
En termes d’équipement, qu’est-ce qui a été crucial pour toi sur la route ? Y a-t-il des équipements que tu aurais aimé avoir ou que tu recommanderais à ceux qui envisagent ce trajet ?
Killian : Encore une fois, il est indispensable d’avoir un véhicule adéquat et un compresseur pour adapter la pression des pneumatiques en fonction de l’état de la route. À 40 Psi (unité de mesure de pression) j’aurai littéralement détruit la voiture à cause des vibrations, baisser la pression m’a permis d’augmenter la vitesse sans endommager ma voiture.
La Citizen-Band (ou CB) radio était aussi indispensable pour communiquer avec les autres véhicules.
Rien d’autre à signaler que j’aurai aimé avoir en plus !
Y a-t-il un moment particulier qui t’a marqué pendant ce road trip ?
Killian : Je pense que le plus marquant était la rencontre face à des dromadaires au beau milieu du désert. C’était assez surprenant de voir un troupeau traverser la route à quelques dizaine de mètres de la voiture.
La Great Central Road traverse des territoires aborigènes. As-tu eu des contacts avec les communautés locales ?
Killian : Je n’ai eu aucun contact avec les communautés locales sauf lors de l’arrêt à Warburton où l’on m’a proposé d’acheter de l’art aborigène. J’avoue que je n’ai pas forcément cherché à entrer en contact avec eux car je ne me sentais pas le bienvenu. Cependant, les personnes croisées sur la route me saluaient.
La faune est un élément souvent cité lors des voyages en Australie. Quels animaux as-tu croisés sur la Great Central Road ?
Killian : Il n’était pas rare de voir des serpents traverser la route, comme un peu partout en Australie. Cependant, je n’ai pas souvenir d’avoir vu de kangourous. Il faut dire que j’ai voyagé de jour, peut-être auraient-ils été plus présents la nuit.
Le second jour, j’ai souhaité partir tôt pour essayer de voir un peu de vie sauvage et je suis tombé nez à nez avec un troupeau de dromadaires qui était au beau milieu de la route, j’ai juste eu le temps de sortir mon appareil photo pour immortaliser le moment avant qu’ils repartent dans le bush !
Quels seraient tes trois meilleurs conseils pour quiconque envisage de parcourir la Great Central Road dans le cadre de son WHV ?
Killian : Le premier : être confiant en son véhicule.
Le second : se renseigner sur l’état de la route au préalable.
Le dernier : prévoir des provisions en cas de problème.
Quel impact cette aventure a-t-elle eu sur ta vision du voyage, de l’Australie et aussi de toi-même ?
Killian : C’est un itinéraire que je ne connaissais pas avant de venir en Australie, mais quand j’ai découvert que je pouvais l’emprunter cela paraissait évident de se lancer sur cette route. Même si mon boss m’avait déconseillé l’itinéraire, les témoignages postés sur internet m’ont permis de réaliser que la route était quand même assez empruntée et que son état, lors de ma traversée, était ok ! Tous les feux étaient au vert pour l’emprunter.
C’est la preuve que finalement, quand on veut faire quelque chose, si on a confiance en soi, il ne faut pas hésiter.
Est-ce que tu as eu des soucis mécaniques ou d’ordre logistique pendant le trajet ?
Killian : Je n’ai pas eu de soucis au niveau mécanique même si on va dire que la gravel road n’a pas amélioré l’état des pneus de ma voiture. Sinon, en dehors de ça aucun souci, pas même une crevaison.
J’avoue avoir été stressé par l’apparition d’une éventuelle panne ou quelconque problème sur la route, mais heureusement il ne s’est rien passé. Comme quoi, entretenir une voiture, ça coûte de l’argent, mais c’est une chose sur laquelle il ne faut pas lésiner, et d’autant plus en Australie !
Tu as fait plus de 8 000 km après ce trajet. Penses-tu que certains types de véhicules ne sont pas adaptés pour une aventure de ce genre ?
Killian : Il est évident que je ne me lancerai pas dans cette aventure avec une voiture que je ne connais pas ou en laquelle je n’aurai pas confiance. Je dirai qu’avec les conditions que j’ai rencontrées, il n’était pas utile d’avoir un véhicule quatre roues motrices, un deux roues ferait largement l’affaire.
Par contre, en termes de pneumatiques, je m’assurerai d’avoir des pneus prévus pour le tout terrain car même s’ il n’y a pas de franchissement ou autre, il ne faut pas négliger le côté abrasif des pierres sur la route.
En effet, après Uluru, je me suis rendu jusqu’à la région de Cairns puis je suis retourné sur Perth en passant par le nord (Broome) etc. Je pense que tous les types de véhicules sont propices à l’aventure tant qu’ils sont adaptés à l’itinéraire, c’est surtout l’état du véhicule qui conditionnera la qualité de l’aventure !
C’est quoi la suite pour toi ?
Killian : Je suis maintenant de retour en France pour retrouver du travail dans mon secteur, jusqu’à ce que, qui sait, l’envie me prend de repartir en Australie ou ailleurs !
Toi aussi tu voudrais renouveler ton WHV Australie pour une 2e ou 3e année ? On t’explique comment faire !
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